mercredi 2 mars 2011

Quelle démocratie pour les Arabes ?

L'ouragan de révolte qui souffle sur le monde arabe est dévastateur. Il est assez puissant pour changer la politique au Moyen Orient. Aussi il empêche les "maîtres" de ce bas monde et leurs alliés de dormir tranquillement.
En premier lieu Barack Obama, Shimon Pères, Netanyahu, Angéla Merkel, Nicolas Sarkozy et une bonne partie des dirigeants de l'Union Européenne.
Leur problème:
Après nous avoir privés de jouir comme leurs administrés des droits de l'homme, du Savoir et d'un niveau de vie décent ils se posent une bizarre question.
Quellle genre de démocratie faut-il inventer pour calmer les peuples arabes qui se sont brutalement réveillés et tous en même temps d'un sommeil séculaire ?
Dans un premier temps Obama, Pères, Merkel et Sarkozy avaient cru trouver la bonne solution en forçant les dictateurs encore en place à assouplir les méthodes actuelles de gouvernance et d'élargir le partage de la rente aux franges sociales les plus défavorisées. Celles à peu près analphabètes qui ne regardent pas plus loin qu'un minimum de bien être domestique, donc celles qui sont psychologiquement prédisposées à grossir les mouvements de protestation par simple effet de d'entrainement.
Coincidence ?
La Ligue Arabe a ouvert sa cession du 2 mars 2011 par un ordre du jour qui recommande aux dictateurs du Maghreb et du Moyen Orient de satistaire les revendications sociales et économiques des citoyens pour refroidir le bouillonnement révolutionnaire.
C'est exactement la nouvelle orientation de Washington.
C'est ce que nous appelons la "démocratie" du ventre telle que préconisée par un empereur de la Rôme antique:
-"Le peuple ? Donne-lui à manger et fais ce qui te plait".
Mais pourquoi Obama, Pères, Merkel, Sarkozy et une partie de l'Union Européenne ne voient-ils en nous que des estomacs vides qu'il est nécessaire de remplir au plus vite pour avoir la paix ?
Pourtant en Tunisie et en Egypte les insurgés ont démontré que les revendications dépassent de très loin les choses du ventre. Le chômage et la précarité du logement n'ont été que les étincelles qui ont allumé la mèche de la déflagration. La souveraineté citoyenne, l'alternance au pouvoir, la liberté d'expression, le respect des droits de l'homme, la libération des prisonniers politiques, la place du pays dans le monde... Mais aussi la volonté de laver la honte provoquée par la servilité des dictateurs et des monarques arabes vis à vis de Washington ainsi que des anciennes puissances coloniales. Ce qui explique pourquoi celles-ci continuent de piller sans vergogne nos précieuses ressources naturelles et de voir en nous des moins que rien.
Barack Obama, Shimon Pères, Netanyahu, Angéla Merkel et une bonne partie de l'Union Européenne s'agitent comme des diables et agitent l'épouvantail islamiste qui leur a servi d'alibi aux yeux de l'opinion civilisée pour armer, financer et protéger les dictateurs du monde Arabe.
Or l'islamisme n'effraie plus personne bien que les carriéristes politiques d'Europe en font la colonne vertébrale de leur propagande électoraliste.
Pourquoi ne citent-ils pas l'exemple du dirigeant qui a été démocratiquement élu dans un pays laïc sous l'étiquette d'un parti islamiste qui faisait trembler l'Europe ?
La réponse est très simple:
Tayeb Erdogan a prouvé qu'un premier ministre islamiste est plus respectueux du droit international que tous les dirigeants européens qui ont été élus sous l'étiquette des partis démocratiques de droite, du centre, de gauche, modérés et extrêmistes confondus. Il a aussi démontré qu'un dirigeant du Moyen Orient peut être un précieux allié de Washington et du régime sioniste sans sacrifier les intérêts et l'honneur de son pays. En interdisant à l'armée américaine d'envahir l'Irak à partir de la Turquie, qu'a-t-il perdu ? Rien. A Davos, en présence des maîtres du monde et sous les lentilles des caméras des médias lourds du monde entier, Erdogan a accusé Shimon Pères de crimes contre l'humanité. Qu' a-t-il perdu ? Rien. Bien que la France, l'Espagne, l'Allemagne, l'Angleterre aient interdit à leurs magistrats de poursuivre les dirigeants sionistes pour les génocides perpétrés à Gaza, Sabra, Chatila, Béthlèem, Beyrout. L'Europe officielle avait obéi aux injonctions de Washington qui avait également ordonné à Luis Moréno Ocompo de dormir sur les dossiers.
Au contraire Tayeb Erdogan a gagné l'estime d'une grande partie de l'opinon mondiale et Arabe qui avait une image réductrice de l'Islam (religion violente, intolèrante, raciste), image véhiculée par des médias lourds et des intellectuels intéressés plus par la rente publicitaire que par le souci de la déontologie.
Avec le psychopathe George Bush le premier ministre turque risquait la mort.
Il n'avait pas sacrifié le droit des Palestiniens à l'autodétermination selon les résolutions de l'ONU au risque de déplaire A Obama, Merkel et Sarkozy malgré son grand désire d'occuper un siège à part entière au sein de l'Union Européenne. Or ce rôle incombait à Hosni Moubarak et au sultan Abdallah de l'Arabie Saoudite qui ont d'extraordinaires moyens de pression sur l'Europe, l'Angleterre et l'Amérique qui s'opposent farouchement aux résolutions équitables de l'ONU.
Par ailleurs, au moment où nous avons commencé à rédiger le brouillon de ce texte (le 2 mars 2011) les insurgés égyptiens rassemblés sur la place de la libération au Caire ont ajouté une nouvelle revendication à leur liste :
L'Unité Arabe une fois que tous les dictateurs seront détrônes.
Ah, ce vieux rêve né pendant les réunions secrètes qui préparaient l'action des mouvements de décolonisation qui n'ont pas encore donné leurs fruits puisque les anciennes puissances coloniales nous ont accordé la liberté d'exhiber le drapeau national mais elles ont gardé la main sur les sources de nos richesses naturelles.
Elles nous ont même interdit l'accès de la souveraineté citoyenne qui est la crème de l'indépendance.
Et pour perpétrer ce crime contre l'humanité néocolonial elles se servent de nos dictateurs, de nos policiers, de nos soldats, de nos intellectuels, de nos écrivains, de nos journalistes, de nos artistes qui ont librement choisi d'être du côté de la force, de la hogra, de l'injustice, du liberticide.
Nul doute que l'élimination des piliers et des résidus du régime Moubarak replacera le Maghreb et le Moyen Orient sur le Chemin de l'indépendance au sens propre du terme politique, économique, culturelle.
Obama avait la Turquie, l'Egypte et l'Arabie Saoudite qui constituaient les pièces maîtresses de son puissant dispositif de domination du Monde Arabe. Ne lui reste que l'Arabie Saoudite. Celle-ci ne peut en aucun cas remplacer l'Egypte dont l'armée a beaucoup de défaut mais elle était en mesure de garantir la sécurité de Mahmoud Abbas contre les Palestiniens qui n'ont jamais cru ni au processus de Camp David, ni aux accords de Madrid ni à ceux d'Oslo. A elle seule l'Arabie Saoudite n'est pas en mesure de maintenir le statu-quo que désirent prolonger indéfiniment Washington et le régime sioniste.
Barack Obama, Hillary Clinton, Shimon Perès, Netanyahu tremblent et cauchemardent en ce moment car Moubarak était la pierre angulaire d'un rempart sécuritaire qu'ils croyaient inébramlable bâti à l'effet d'isoler le peuple palestinien dans des bandoustans en éludant leurs légitimes revendications d'une réelle indépendance et le retour des réfugiés.
Moubarak était d'une grande efficacité avec une âme de mercenaire de la pire espèce, très dévoué à ses employeurs. Certes, il est définitivement écarté du pouvoir. Mais il a laissé derrière une équipe bien rodée et soudée qui s'incruste à des postes qui la protègent de la déchéance et des poursuites judiciaires éventuelles (crimes économiques)
Le fait notable à l'heure actuelle c'est que les insurgés aient décidé de résister jusqu'au départ du dernier homme du régime Moubarak.
Ce qui appelle Obama, Pères, Merkel, Sarkozy et une bonne partie de l'Union Européenne à réviser leur position.
Oui !
Les peuples en faim...
D'indépendance, de reconnaîssance, de dignité, d'équité, de paix.
Mais entre eux et leurs aspirations légitimes se dressent Obama, Pères, Merkel, Sarkozy et une bonne partie de l'Union Européenne.
Quelle démocratie pour les Arabes ?
Nous répondons par une question ?
Y a t-il une autre démocratie que la démocratie ?

Mahdi Hocine

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