Quel est le dictateur du Tiers-Monde post ou néo colonial qui n'a pas pompé les fonds du trésor public de son pays pour les placer dans les coffres des banques d'Europe et des USA. mais aussi en les investissants dans les biens mobiliers, immobiliers, des bons de trésor, des produits de la spéculation financière ou des matières pérennes comme l'or. De ce fait les banques se rendent en toute conscience coupables d'un délit du grand banditisme: recèle, complicité de pillage et de détournement des deniers publics sans être mises à l'index par les institutions judiciaires.
Des dizaines de dictateurs, des centaines de ministres et des milliers de hauts commis des Etats du Tiers-Monde transfèrent tranquillement des butins faramineux en Europe et aux USA. en prévision d'une déchéance. Une fois écartés du pouvoir ils s'installent tous en Occident où ils possèdent de quoi faire vivre confortablement plusieurs générations de leurs proches.
Bien entendu le déal est strictement entre les plus hautes sphères dirigeantes du pays d'accueil et les fugitifs. Les relations entre les deux parties sont similaires à un contrat de travail liant un employeur à ses agents, pour ne pas dire similaires à celles d'un chef de gang à l'égard de ses hommes de main "grillés" qui doivent être mis au vert pour garantir la sécurité de la bande.
Grâce à Wikiliks les petits peuples qui méprisés par les dirigeants de l'Occident civilisé connaissent désormais la cause réelle de leur grande misère et ce qui se trame dans les chancelleries des pays riches sur leur dos. Là où nos increvables "zouâma"* sont considérés comme des truands de bas étage.
Grâce à Wikileaks les peuples affamés et privés de liberté (de toutes les libertés) savent pourquoi et de quelle manière les puissances nécoloniales et ultralibérales utilisent les potentats du Tiers-Monde. Ce n'est que pour pertétuer le pompage à vil prix de nos richesses naturelles qui sont indispensables à leur prospérité. Le marché de dupes est basé sur le tout sécuritaire, le tout répressif. Du côté des puissances dites démocratiques notons la fourniture des armes, la formation des corps spéciaux de sécurité, l'équipement de l'armée, l'assistance technique, le soutien diplomatique et financier, la protection rapprochée. En contrepartie nos pentotats bien aimés, élus à plus de 8O%, sont tenus de veiller H.24 sur les "intérêts" des puissances "amies" et assurer les meilleurs conditions de séjour et de travail aux multionales qui exploitent à outrance nos précieuses matières premières.
Bien entendu, le gros perdant de ce déal c'est le citoyen lamba.
Celui-ci trinque quadriblement: chômage, habitat primitif, protection sociale et sanitaire nulle, dernier degré de la pauvreté, mendicité et prostitution à grande échelle, exploitation de l'enfance...Avec en sus l'interdiction de réver et de revendiquer un minimum d'amélioration des conditions de vie.
Pendant 23 ans Zine El Abidine Ben Ali a été, avec Moubark et le monarque saoudien, le chouchou de l'Elysée, de Washigton et du FMI qui affament le Tiers-Monde. Jusqu'à la dernière seconde de son règne sanguinaire Obama et Sarkozy sont restés à ses côtés, méprisant comme toujours les aspirations à la démocratie des peuples maghrébins et arabes. S'il avait assassiné cent mille ou cinq cents mille manifestants ils n'y auraient vu aucun mal. Bien au contraire. D'où la proposition de Michèle Alliot Marie, ministre française des affaires étrangères de l'aider à "maitiser" les manifestations. Mais à la minute où il avait levé le drapeau blanc ni Obama ni Sarkozy n'ont daigné lui tendre la main. C'est le remake de l'épisode du chah d'Iran: un zélè et fidèle "ami" de l'Occident civilisé, protecteur infaillible des intérêts US. au Moyen Orient à l'époque où le monde était divisé en deux pools (est-ouest) par une guerre froide entre américains et soviétiques pour le contrôle de la planète. Aucune puissance occidentale n'avait eu de reconnaissance pour "services rendus". Le pauvre Chah avait achevé son parcours royal en chien errant. Finalement c'est un dictateur comme lui qui lui offrira le gîte.
Ce sera toujours ainsi.
Les dictateurs du Tiers-Monde seront honorés publiquement par leurs "pairs" occidentaux (leurs patrons, selon nous) tant qu'ils conserveront le pouvoir. Mais gare à la chute! Les grands de ce monde ne fonctionnent pas au sentiment. Ils ne s'encombrent pas des harkis défaillants. Dès que ceux-ci tombent à terre leurs "amis" occidentaux leur passent sur le corps et essayent d'acheter les successeurs sans état d'âme.
Nous avons le sentiment que les publications de Wikiliks ont sérieusement compliqué la vie de nos potentats en cavale. Un signe révélateur dont nous devons tenir compte: la France et la Suisse n'avaient jamais annoncé le gèle des avoirs et la confiscation des biens des dictateurs au lendemain de leur fuite. Rédha Pahlawi, Pinochet, Marcos, Duvalier, Bokassa, les centaines de ministres et les milliers de hauts responsables n'avaient pas subi ces mesures qui figurent dans le code pénal des pays civilisés.
Zine el Abidine restera t-il une exception ? Soyons prudents dans nos conclusions. Le président tunisien déchu a toujours eu un traitement de faveur de ses "amis" occidentaux qui le citaient en exemple à suivre dans le domaine de la bonne gouvernance. Bush, Obama, Chirac, Sarkozy, Dominique Strauss-Khan étaient fiers de l'exhiber comme un homme d'Etat sans égale au Maghreb et au Moyen Orient pour ses performances économiques et ses réalisations sociales. Tous avaient gentillement fermé les yeux sur le traitement inhumain qu'il appliquait à ses opposants, sur les frasques de nature mafieuse de son entourage, sur les crimes économiques de sa grande famille. Les ambassadeurs, les intellectuels, les journalistes libres informaient régulièrement l'Elysée et Washington sur la menace d'une explosion populaire. Mais les puissants de ce monde ne voulaient pas admettre l'éventualité d'une révolte qui aboutirait à la destitution de leurs protégés en Egypte, en Arabie Saoudite, en Tunisie ou au Maroc. Et ils continuent de ne pas admettre que Moubarek puisse céder sous la pression de la rue du fait que ses généraux sont des hommes d'affaires qui sont dans l'obligation de le protéger pour ne pas perdre leurs fortunes. Il est plus fort que son peuple grâce à ses services de sécurité qui travaillent en étroite collaboration avec la CIA et le Mossad dont les méthodes anti émeutes sont radicales (infltration de casseurs, assassinats, enlèvements, emprisoonement sans jugement) puisque l'état d'urgence autorise tous les dépassements. Nous avons entendu Bark Oboma et Hillary Clinton affirmer que le régime égyptien est stable, il résistera mais il devra lacher un peu de lest.
Les grandes démocraties occidentales inventeront toujours une raison boiteuse mais plausible aux yeux de l'opinion pour entretenir des relations amoureuses avec les dictateurs sanguinaires qui affament les peuples du Tiers-Monde pour des intérêts spécifiques.
Imaginez que le dictateur égyptien et le monarque Saoudien tombent AUSSI BRUTALEMENT que Ben Ali.
Ce sera la fin de l'occupation américaine au Moyen Orient. Ce sera la fin de l'apartheid en Palestine. Ce sera la fin du pillage de nos précieuses richesses naturelles par les anciennes puissances coloniales. Nous aurons enfin les moyens de produire ce que nous consommons pour accéder à la vraie indépendance. Celle de choisir librement notre modèle de développement, celle de sélectionner nos partenaires dans l'esprit du partage équitable. Nous avons tous les atouts dans nos mains pour y parvenir. Il nous faut seulement des gouvernants qui travailleront pour la prospérité du pays comme les gouvernants de Norvège.
*) Zouama: pluriel de zaïm. Potentat.
MAHDI HOCINE
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