jeudi 10 février 2011

Algérie: Ce que pense et croit Boutef

Selon des psychologues de réputation universelle et d'une compétence indéniable les hommes d'Etats comme Khadafi, les trois Abdallah (saoudien, jordanien,yéménite), Mohamed VI, El Assad, Bouteflika, Moubarak et consorts se sont barricadés derrière des croyances inébranlables qui découlent de leurs profonds désirs ou de leurs phantasmes de se vouloir des êtres uniques désignés par les divinités pour une mission exceptionnelle sur cette terre.
Nous avons le souvenir vivace d'un George Bush survolté qui se croyait promu par Dieu à la présidence des USA pour faire du Moyen-Orient une terre chrétienne.
Nos dictateurs et nos monarques sans couronne n'ont jamais cessé de proclamer qu'ils détiennent leur légitimité de Dieu et du peuple. C'est bien sûr faux mais ils ont fini par le croire et n'admettent plus que l'on dise que c'est la fraude massive et la cruauté anticitoyenne de l'armée qui les ont incrustés au sommet du pouvoir.
Pour le cas très banal de Bouteflika ce n'est pas pire.
Quand il entend des critiques qui lui déplaisent il pense tout de suite que c'est la presse du secteur privé et partisane qui ment pour vendre du vent et du papier.
Ingrate presse qu'il méprise mais qu'il nourrit au robinet de la manne publicitaire de l'Etat !
Il accuse également quelques intellectuels aigris qui veulent se faire remarquer pour accéder au partage de la rente pétrolière.
Donc tout le monde ment sur les affaires comme :
- Celle de la banque El Khalifa dont les parrains et les bénéficiaires se recrutent dans la faune des cadres de l'Etat, de l'UGTA, de la banque centrale, de la douane, de l'armée, de la PAF que les magistrats couchés n'ont pas convoqués et ne convoqueront que lorsqu'un ordre leur viendra d'en haut.
- Celle de l'honnête Chakib Khellil et de sa bande de ouled h'lal qui ont frauduleusement pompé les pétrodollars de SONATRACH (notre vache nourricière) au profit d'entreprises de copains et de coquins ayant un lien amical, parental, tribal, ventral avec les barons du sérail. Dans cette affaire à facettes multiples le chef de gang, Chakib Khellil, a été tout bonnement autorisé de retourner à son pays d'adoption, l'Amérique, à qui il avait tenté de vendre le Sahara et son pétrole au dinar symbolique.
-Celle des magistrats faussaires, des faux moudjahidine, des faux billets de 200 et 1000 dinars qui débarquent par conteneurs entiers dans les ports algériens, des importateurs qui inondent le marché algérien de faux produits pour pouvoir exporter "légalement" des millards de vrais pétrodollars.
-Celle des émeutes quotidiennes qui éclatent d'une extrémité du pays à l'autre, du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest; cette Algérie profonde ou la hogra, l'absence de justice, la bureaucratie, le chômage poussent les citoyens sans piston à la violence contre tous les symboles de l'Etat que d'aucuns accusent de brader la dignité nationale, de dilapider les deniers et les bien publics en semant la pauvreté là où le travail productif assurait l'aisance matérielle et la paix sociale.
-Celle des coûts gonflés au double, voire au triple des normes universelles des gros chantiers: autoroute Est-Ouest, métro, tramway, logements sociaux, équipements urbains, hôpitaux, universités, lycées, collèges, écoles, chemins de fer et autres infrastructures.
-Celle des malades chroniques qui voient leur santé déclinée ou meurent à cause des pénuries cycliques des médicaments pendant que son ami et ministre Ould Abbes lui fredonne dans le creux de l'oreille la douce musique du "tout va bien mon prince bien aimé".
Sur d'autres plans Bouteflika croit fermement:
-Que 84% des Algériens l'adorent et souhaitent le voir demeuré leur président jusqu'à la mort même s'il vivra cent trente deux ans.
-Que la pauvreté en Algérie est une invention des journaux à qui l'ANEP n'achètent pas des pages de publicité.
-Que les jeunes qui chôment en Algérie veulent tous être des officiers de l'armée, de la police ou de la douane. Ils n'ont qu'à apprendre des métiers où l'Algérie souffre d'un gros déficit. C'est donc leur faute.
-Que les manifestants du 12 février 2011 qui réclameront son départ et la fin du régime sont des ennemis du peuple qui sont téléguidés par des puissances étrangères. Ils ne sont qu'une ridicule minorité.
-Que 99,99 % des Algériens approuvent sa bonne gouvernance comme le directeur du FMI Dominique Strauss-Khan, Nicolas Sarkozy, Angéla Merkel et l'empereur Barak Obama qui l'ont félicité plusieurs fois.
-Qu'il a donné du bonheur à 99,9999% du peuple.
En conséquence il estime de son devoir de consacrer les années qui lui reste à vivre au service du peuple qui l'adore.
N'est-ce pas injuste de voir en lui un vulgaire dictateur ?

MAHDI HOCINE
Le 10 janvier 2011

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