Depuis le suicide du marchand ambulant tunisien Bouazizi parce qu'il a été giflé par une policière indigne de représenter la loi notre attention, toute notre attention reste concentrée sur le Maghreb et le Moyen Orient vingt quatre heures par jour.
En grillant un homme le feu a libéré tout un peuple de la peur d'affronter une féroce dictature. Pas seulement !
Il a encouragé tous les peuples arabes à s'engager sur le chemin de la dignité.
Pendant si longtemps nous avons rêvé, écrit, agi pour que les citoyens se prennent par la main, surmontent la peur du bâton et de la prison, oublient un tout petit peu leur légendaire sagesse et montent à l'assaut des citadelles dictatoriales qui n'ont aucune consistance. Bien que bâties sur des socles très résistants: l'armée, les forces de sécurité, la corruption, le soutien des grandes puissances et l'inertie de la majorité silencieuse qui se place en position de spectatrice jusqu'au moment où elle sent qu'aucun danger ne la menace si elle entrerait dans la mêlée.
Pour nous le soulèvement victorieux en Tunisie devait avoir d'importantes répercussions au Maghreb et au Moyen Orient. Par bonheur nos prévisions les plus optimistes ont été très largement dépassées à la vitesse de la lumière. En effet la chute du pharaon Hosni Moubarak après seulement vingt trois jour de manifestations non stop, personne n'aurait parié là dessus. Nous avons eu mieux que cela car le peuple égyptien, avec sa majorité silencieuse, ont décidé de ne pas cesser de manifester avant la dislocation du régime militaire soumis aux américains. C'est une grande avancée pour tout le monde arabe vers la souveraineté citoyenne et la bonne gouvernance. Car depuis 1976 l'Egypte d'Anouar Sadate et de Moubarak (avec l'Arabie Saoudite) a livré le Moyen Orient et ses richesses naturelles au Pentagone, faisant de la Ligue Arabe un mur en acier trempé contre lequel se fracassent les aspirations des citoyens arabes à la dignité, à la liberté, à la prospérité, à la souveraineté citoyenne.
L'Algérie, le Yémen, la Jordanie, la Syrie ont connu de violentes secousses avant le Caire. La police et les services de sécurité tabassent, emprisonnent, torturent, tuent. De leur côté les citoyens en rébellion ne semblent pas disposer à céder. Les coups de bâton, la prison et la mort ne les effraient plus. La liberté et la dignité ne s'acquièrent qu'au prix du sang. Tous les peuples arabes ont enfin fini par admettre ce postulat. C'est la belle leçon retenue de la magnifique révolution tunisienne qui s'achèveera avec l'élimination de Mohamed Ghénouchi et son équipe à qui Zine El Abidine Ben Ali avait confié la gestion du pays avant de fuir (provisoiremen?). Nous observons que villes et villages rassemblent quotidiennement des centaines de maneifestants qui expriment leurs frustrations en brûlant les symboles du pouvoir. Le cumul des problèmes est tel qu'à n'importe quel moment l'énorme machine répressive -dans la plupart des cas formée, équipée et financée par les grandes puissances européennes et les USA- ne pourra plus contenir les foules.
L'embrasement de la Tunisie était-il imprévisible ? Oui et non. L'étincelle Bouazizi a provoqué une déflagration dévastatrice parce que le dictateur et son parti n'ont jamais envisagé la possibilité que le peuple tunisien deviendrait un jour un ennemi, une montagne de TNT qui déchiquettera le pouvoir en quelques jours. Si nous analysons les causes de la révolution tunisienne nous parviendrons inévitablement à la conclusion que tous les peuples arabes cumulent les mêmes frustrations et sont habités par la même volonté de chasser les dictateurs, de libérer le pays de dirigeants imposés, d'accéder à la souveraineté citoyenne, de construire un Etat de droit.
Les seuls acteurs qui font semblant de ne pas comprendre, sentir, voir cette évolution sont les dictateurs et les super citoyens qui tirent profit du régime.
Un exemple :
Au lendemain de la marche à Alger du 12 février 2011 nous avons entendu le ministre algérien des affaires étrangères répéter les mêmes âneries qui furent proférées par son homologue égyptien quelques jours avant la destitution de Moubarak. -"L'Algérie n'est pas comme la Tunisie et l'Egypte"-.
Le ministre algérien qui a prononcé béatement ces âneries est devenu tristement célébre au cours de la parodie de procès du scandale du siècle : l'affaire Khalifa Bank. En conclusion de son audition en qualité de témoin il avait déclaré à la présidente du Tribunal :-"je n'étais pas intelligent-".
En vérité il avait eu la diabolique intelligence de faire de l'empire financier de Khalifa un pont aérien et insoupçonnable pour l'évasion des pétrodollars vers les banques suisses, françaises et anglaises qui ont la spécialité de protéger l'argent pillé par les dictateurs, les ministres et les commis d'Etat du Maghreb, du Moyen Orient, d'Afrique, d'Amérique Latine et d'Asie.
L'erreur du ministre a été de croire que les journalistes algériens n'avaient pas le courage de remonter jusqu'à lui et de rendre publique son implication directe dand l'affaire Khelifa. Heureusement pour lui que la présidente couchée du Tribunal avait reçu l'ordre de ne condamner que le menu fretin.
Oui, les dirigeants arabes sont vraiment tous les mêmes. Ils sont d'une intelligence diabolique et ils en usent rien que pour faire du mal à leurs pays.
Mahdi Hocine
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